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mourante des flambeaux du foyer, une ronde sabbatique pareille à la magnifique Ronde de Boulanger avait eu lieu autour du buste de Racine. — lequel buste d’ailleurs est adossé à la muraille, — que les funèbres danseurs avaient fait entendre ce refrain sacrilège : « Enfoncé Racine ! » et qu’enfin un cri de mort aurait été poussé par un jeune fanatique contre les académiciens.

» Pour noircir davantage le lugubre tableau, on insinuait même que le jeune énergumène qui demandait la tête des quarante immortels était le propre fils de M. Amaury Duval, de l’Institut, et le propre neveu d’Alexandre Duval, l’auteur dramatique, lequel était lui-même membre de l’Académie française !

» Enfin, on assurait qu’un autre fanatique, nommé Gentil, s’était écrié en plein foyer de la Comédie-Française : « Décidément, Racine n’est qu’un polisson. »


Passons maintenant à la lettre de M. Amaury Duval. Elle est jolie, elle est spirituelle, elle est topique. On la pourrait intituler : Comment naissent les légendes !


« Non, mon cher Weiss, je n’ai pas commis à la première représentation d’Henri III le sacrilège dont on m’accuse. Je ne peux pas dire :


Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ?