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qu’il est arrivé en gare de Londres. Le jeu naturel de l’almanach des longitudes épargne ainsi au lecteur le chagrin de voir sombrer l’excellent Philéas Fogg et son pari et sa fortune. Chemin faisant, Philéas a assisté à bien des scènes pittoresques que l’auteur fait passer sous nos yeux. Il a eu, entre autres réussites, le bonheur de ravir au bûcher, dans je ne sais quel coin féroce de l’Inde, encore indépendant des Anglais, la veuve d’un maharajah, une jeune et jolie femme, appartenant à la race des Parsis, qui a été élevée à Calcutta à l’européenne. Il l’épouse pour couronner ses aventures. All right. Philéas Fogg et Aouda seront heureux et ils auront beaucoup d’enfants. La matière des contes de fées change, le dénouement en reste invariable.

Quand MM. Verne et d’Ennery se sont unis pour distribuer en tableaux de théâtre ce roman à tiroirs ils l’ont enrichi de deux personnages qui se trouvent dans le drame et n’étaient pas dans le livre. Ils ont jeté sur les pas du héros, outre l’agent Fix et le factotum Passepartout, un go ahead américain, Archibald Corsican, qui est le rival de Philéas Fogg en excentricité. Ce Corsican se ronge de ce qu’il y ait au monde un excentrique plus excentrique que lui et que ce ne soit pas un Yankee. Il a fait le tour de la mer Rouge à pied et à reculons ; Philéas Fogg lui explique de haut que certainement lui,