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d’un veuf du Malabar, Français de naissance, qui, selon les lois du pays, va être enterré tout vif après la mort de sa femme. Les gens du gouverneur, chargés de procéder à la cérémonie, sont scandalisés qu’il ne se laisse pas faire. Ils lui démontrent que, selon les saines idées du glorieux Malabar, il n’est pas d’honneur plus enviable que celui qu’il est près de recevoir. On a probablement ici le premier germe d’une des saynètes les plus originales et les plus répandues de M. Eugène Chavette. Le personnage du maharajah Aboulifar, ballotté entre les deux Parisiens, Aromate et Florimond, nous paraît être le même qui est devenu depuis Schahabaham dans l’Ours et le Pacha. Il faut bien que cette pièce, avec son titre un peu lugubre, soit restée dans la mémoire des foyers et des coulisses, puisqu’un quart de siècle après, nous voyons surgir de nouveau les noms d’Aboulifar et de son médecin factotum Ali-Bajou, dans le Caïd de T. Sauvage (1849).

Après ce double succès, Alexandre Dumas était lancé. On ne souriait plus de ses ambitions littéraires dans les cafés compétents. La Porte-Saint-Martin lui rapportait dix francs par soirée ; les collaborateurs s’offraient à lui ; Porcher, qui en ce temps-là faisait le commerce des billets d’auteur, lui avait avancé d’un seul coup la somme de cinquante