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ces deux vaudevilles ; ils sont dans la moyenne du genre. Des refrains bon enfant, des mots faciles, de la philosophie populaire. C’est tout bonnement à faire frémir. Dumas, débutant à l’Ambigu à l’âge de vingt-deux ans, était en train de devenir un des satellites de Scribe et un émule de Cogniard frères.

Depuis deux années, il résidait à Paris et il occupait, comme l’on sait, une place de commis à mille deux cents francs dans la maison et les bureaux du duc d’Orléans. À Villers-Cotterets, où il avait été « éduqué », un peu par tout le monde, ses études à bâtons rompus, et ses lectures, au fur et à mesure des livres quelconques qui lui tombaient sous la main, lui avaient donné un tour d’humeur tel que, s’il se mettait à écrire, il pouvait s’embrancher aussi bien sur la petite pièce à couplets que sur le domaine de la grande imagination. Et, dès la première adolescence c’était bien son idée d’écrire ! Il avait dévoré quantité de petits vers et d’alexandrins classiques de la fin du xviiie siècle et de l’époque du premier empire. Il possédait sur le bout des doigts Demoustiers, le chevaher Bertin, le premier Legouvé, Lemierre. Plus tard, il s’est exprimé sur ces admirations de son jeune âge avec assez de dédain. Comme l’esprit littéraire n’a jamais été sa faculté éminente, il ne se gênait pas de placer dans un même paquet, avec les écrivains que nous ve-