Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cinq livres éprouvés d’histoire et de doctrine chrétienne, dont les catholiques éclairés usaient encore assidûment dans le premier quart de ce siècle, pour l’instruction courante de leurs enfants, étaient autant d’instruments d’une culture intellectuelle et morale saine et forte. Tout cela a été peu à peu éliminé, puis brusquement retranché de l’éducation officielle et devient presque hors d’usage dans l’éducation privée. Nous n’avons pas la Bible pour suppléer à cette décadence de la culture catholique. La Bible, qui a créé la moderne Angleterre, qui a enfanté l’Amérique, qui a donné le vol à l’Allemagne du Nord, la Bible, source intarissable, même au profane, d’idées, de sensations et de notions, n’a jamais été un livre français. C’est à peine si la très petite fraction protestante de la nation continue à en faire de nos jours son viatique usuel. Ce qu’est devenue l’antiquité grecque et latine pour ceux qui daignent encore y accéder, nous le voyons tous les jours : une matière à sèche philologie, un minutieux jardin d’historiuncules. Eh bien ! quoi alors ? Avec quoi nous formerons-nous désormais des âmes et des esprits, une âme de peuple et un esprit national ? Avec les honorables manuels de morale, dont M. Ferry nous a dressé amoureusement la liste ? Il en est parmi eux d’éloquents et que j’estime. Je n’en vois cependant aucun qui prenne le chemin de devenir