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supérieures et qu’il n’est point défendu aux écoliers qui ont passé la quinzième année, de les demander et de perdre leur temps à les lire. Quiconque se veut composer une bibliothèque française un peu systématique devrait en faire sa base. Janvier approche ; je ne vois pas de plus belles étrennes et de plus sérieuses que vous puissiez offrir à un jeune homme, pourvu, bien entendu, que vous ayez la bourse bien garnie ; car un Corneille en douze volumes, un Racine en dix, entrent dans la catégorie des dons riches et coûteux.

Autrefois, notre théâtre classique, nos chefs-d’œuvre dramatiques du xviiie siècle formaient, sinon tout le fonds, au moins une grande partie du fonds d’éducation d’un jeune homme bien né. Les filles même, je ne sais comment, étaient élevées avec cela. Elles ne connaissaient pas la chimie et n’étaient douées d’aucune instruction civique. Mais, si le hasard de la conversation vous amenait à citer devant elles quelque vers des moins connus de Racine et de Corneille, elles achevaient le morceau. Tout s’en va maintenant de ce qui était autrefois la nourriture des âmes et des esprits. La religion, considérée du point de vue exclusif de la pratique humaine, les catéchismes de persévérance pour jeunes personnes que faisaient dans nos villes des prêtres distingués et expérimentés, quatre ou