Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

procès intenté par M. Dumas. Quand je flaire les conséquences de cette doctrine, je me mets du parti de M. Jacquet. Oh ! si le tableau qu’a fait M. Jacquet avec la figure de M. Dumas était, ce que j’ignore, une peinture médiocre ou mauvaise, je serais d’avis que le tribunal condamnât M. Jacquet à la plus dure amende, voire, selon la gravité du cas, à la corde. En art, tout ce qui est mauvais ou médiocre est cas pendable. Mais, si l’aquarelle le Juif de Bagdad est réussie, je ne veux pas qu’on pende M. Jacquet sous prétexte qu’il a détourné le visage d’un écrivain célèbre.

À la place de M. Jacquet, voici la petite harangue que je risquerais de prononcer devant le tribunal :


« — Messieurs, le demandeur se plaint que j’ai fait de lui une portraiture malveillante et qui tend à la déconsidération de l’objet portraituré. Moi, messieurs ! qu’est-ce que j’ai peint ? Selon mon droit imprescriptible, j’ai peint un type de sang mixte, auquel il est possible que le demandeur ressemble puisqu’il est un exemplaire, vigoureusement doué, de ce type. Mettez que j’aie pris des traits au demandeur, et, si vous voulez, la presque totalité de sa physionomie. Qu’est-ce que les critiques, les esthéticiens et les maîtres sont sans cesse à nous rabâcher, à nous autres jeunes peintres ? Ils nous cla-