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le détail physiologique ; Perrault n’y manque pas non plus. Voyez ce portrait parlant des sept filles de l’ogre :


« …Ces petites ogresses avaient toujours le teint fort beau, parce qu’elles mangeaient de la chair fraîche comme leur père ; mais elles avaient de petits yeux gris et tout ronds, le nez crochu et une fort grande bouche, avec de longues dents fort aiguës et fort éloignées l’une de l’autre… »


Remarquons aussi, remarquons bien le dialogue de Perrault ! Il n’en est pas de mieux en scène, comme on dit dans la langue technique du théâtre. Je voudrais que, dans une matinée d’enfants, un diseur ou une diseuse de premier ordre débitât l’entretien de Barbe-Bleue avec sa femme lorsque celle-ci, au retour du maître, lui représente la clef accusatrice :


« …Après plusieurs remises, il fallut apporter la clef. La Barbe-Bleue, l’ayant considérée, dit à sa femme : Pourquoi y a-t-il du sang sur cette clef ? — Je n’en sais rien, répondit la pauvre femme, plus pâle que la mort. — Vous n’en savez rien ! reprit Barbe-Bleue ; je le sais bien, moi. Vous avez voulu entrer dans le cabinet ! Eh bien, madame,