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au plus bel endroit de la fontaine et la lui présenta, soutenant toujours la cruche, afin que la pauvre femme bût plus aisément… »


Et la vivacité du paysage, et les champs, et les bois avec leurs bonheurs et leurs peines ! Je recommande les six lignes suivantes à nos gentilles fillettes de Paris, qu’on voit se presser, les après-midi de dimanches, vers la station prochaine, par tous les sentiers de Montfermeil et de Meudon, fatiguées, haletantes, les joues toutes rouges, les bras chargés d’un faisceau de coquelicots, de bleuets et de boutons d’or :


« …Le loup se mit à courir de toute sa force par le chemin qui était le plus court, et la petite fille s’en alla par le chemin le plus long, s’amusant à cueillir des noisettes, à courir après des papillons, et à faire des bouquets des petites fleurs qu’elle rencontrait… »


Qu’est-ce qu’il y a là dedans ? Rien du tout ! Rien que la justesse et la fraîcheur de la sensation, rien que la poésie. Je n’en finirais pas de citer. Je pourrais citer encore le drame bucolique, si alerte, du chat et du lapin, quand « un jeune étourdi de lapin entre dans le sac et que le maître chat, tirant aussitôt les cordons, le prend et le tue sans miséri-