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société, qui de leur temps faisait fureur à la ville, il faudrait se demander si cette fantaisie a été simplement coûteuse, si elle n’a pas produit des effets utiles pour l’art et les artistes. L’art et les artistes ont le droit à l’existence tout comme les secrétaires d’État et les ministres dirigeants, surtout quand ceux-ci ne savent plus procurer à leur pays que des défaites. La mise en scène, la décoration et le costume, dont nous entretenait dernièrement M. Perrin, firent de réels progrès, grâce au goût de madame de Pompadour. Il n’est pas sûr que l’art de l’acteur n’ait pas gagné aussi quelque chose à l’existence de la comédie de cour. La conception d’un rôle par un homme intelligent, qui possède l’art délicat de la cour et du monde, peut apprendre beaucoup aux comédiens de métier les plus consommés. La troupe que madame de Pompadour avait organisée avec des gens de qualité de son cercle intime était une troupe sérieuse, soumise à un règlement, qui étudiait, qui travaillait, qui se piquait de lutter et de rivaliser avec la Comédie-Française, et c’est ce qui est arrivé quelquefois. Le personnage si naturel de Valère, dans le Méchant, fut tenu par le duc de Nivernais, au théâtre des Petits-Cabinets, avec une ingénuité que n’y mettait pas Roselli à la Comédie et qui fit comprendre complètement le vrai caractère de la création de Gresset.