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Sa mère, lui tendant les bras, lui dit «  Cher enfant, console-toi et ne t'ennuie pas au Ciel, je vais te rejoindre. » La troisième nuit, Hanz revint encore il gémissait et pleu- rait plus que les autres fois, et il disparut en joignant ses petites mains il n'avait plus sa poupée, mais il avait toujours ses souliers de pain. La mèie inquiète alla consulter un vénérable prêtre qui lui dit «  Je veillerai près de vous cette nuit, et j'interrogerai le petit spectre; il me répondra. Je sais les mots qu'il faut dire aux esprits innocents ou coupables. » Hanz parut à l'heure ordinaire, et le prêtre le somma, avec les mots consacrés, de dire ce qui le tourmentait dans l'autre monde. « Ce sont les souliers de pain qui font mon tourment et m'empêchent de monter l'escalier de diamant du Paradis ils sont plus lourds à mes pieds que des bottes de postillon, et je ne puis dépasser les deux ou trois premières marches; et cela me cause une grande peine, car je vois là-haut une nuée de beaux chérubins avec des ailes rosés qui m'appellent pour jouer, et me montrent des joujoux d'argent et d'or. » Ayant dit ces mots, il disparut. Le saint prêtre, à qui la mère de Hanz avait fait sa confes- sion, lui dit « Vous avez commis une grande faute, vous avez profané. le pain quotidien, le pain sacré, le pain du-bon Dieu, le pain que Jésus-Christ, à son dernier repas, a choisi pour représenter son corps, et, après en avoir refusé une tranche au pauvre qui s'est,, présenté sur votre seuil, vous en avez pétri des souliers ITaiîz. «  Il faut ce .rir la bière, retirer les souliers de pain des pieds de l'enfant, et les brûler dans le feu qui purifie tout. » Accompagné du fossoyeur et de la mère, le prêtre se rendit au cimetière en quatre coups de bêche, on mit le cercueil à nu, on l'ouvrit. Hanz était couché dedans, tel que sa mère l'y avait posé, mais sa figurejivait une expression de douleur. Le saint prêtre ôta délicatement des talons du jeune mort les souliers de pain, et les brûla lui-même à la flamme d'un vierge en récitant une prière. lorsque la nuit vint, Hahz apparut à sa mère une dernière fois, mais joyeux, rose, content, avec deux petits chérubins dont il avait déjà fait des amis il avait des-ailes de lumière "et un bourrelet de diamants.