Page:Weil et Chénin, Contes et récits du XIXe siècle - 1913.djvu/272

Cette page n’a pas encore été corrigée

que les archéologues ont la chance de retrouver encore là où les ancêtres les abandonnèrent après usage, et qui restèrent parmi les débris, tandis que les bois et diverses matières périssables retombaient en poussière. Puis de nouvelles révolutions et des changements graduels amenèrent la succession des âges pendant lesquels on apprit à tailler les pierres et à leur donner toutes les formes utiles pour en faire des instruments de travail ou des armes de com- bat ensuite vinrent les siècles où des artistes s'occupèrent de transformer leurs outils et leurs armes en véritables objets de luxe ce fut le temps avant-coureur de la période qui vit naître l'industrie des métaux. Elisée RECLUS, L'Homme et la Terre (Paris, Librairie Universelle). Le Peuple Vous -ÊTES PEUPLE sachez d'abord ce que c'est que le peuple- Il y a des hommes qui, sous le poids du jour, sans cesse exposés au soleil, à la pluie, au vent, à toutes les intempéries des saisons, labourent la terre, déposent dans son sein, avec la semence qui fructifiera, une portion de leur force et de leur vie, en obtiennent ainsi, à la sueur de leur front, la nourriture nécessaire à tous. Ces hommes-là sont des hommes du peuple. D'autres exploitent les forêts, les carrières, les mines, descen- dent à d'immenses profondeurs dans les entrailles du sol, afin d'en extraire le sel, la houille, le minerai, tous les matériaux indispensables aux métiers, aux arts. Ceux-ci, comme les pre- miers, vieillissent dans un dur labeur, pour procurer à tous les choses dont tous ont, besoin. Ce sont encore des hommes,du peuple. D'autres fondent les métaux, les façonnent, leur donnent des formes qui les rendent propres à mille usages variés d'autres travaillent le bois d'autres tissent la laine, le lin, la soie, fabri- quent les étôffes diverses d'autres pourvoient de la même ma- nière aux différentes nécessités qui dérivent ou de la nature directement, ou de l'état social. Ce sont encore des hommes du peuple. Plusieurs, au milieu de périls continuels, parcourent les mers pour transporter d'une contrée à l'autre ce qui est propre à cha- cune d'elles, ou luttent contre les flots et les tempêtes, sous les feux des tropiques, comme au milieu des glaces polaires, soit pour augmenter par la pêche la masse commune des subsis-