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mal à défenses d'ivoire. Dans le Costa-Rica, dans le Guate- mala, sur le versant du Pacifique, tels districts, visités par les chauves-souris vampires, ont dû être abandonnéspar l'homme, impuissant à garder son bétail et menacé lui-même de mort quand une ouverture de sa cabane donnait entrée au redou- table suceur de sang. Enfin, les infiniment petits, sans parler des microbes de l'air, sont parfois des adversaires auxquels le colon doit céder. En pareils lieux, l'homme ne pouvait guère que passer et fuir mais, dans la plus grande partie des étendues terrestres, il a pu lutter, s'accommoder au milieu, et, soit par ses forces iso- lées, soit par l'alliance avec d'autres animaux, arriver à se faire dans le monde une très large place. Depuis les cycles, si éloignés, où nos ancêtres s'initièrent à la parole, puis, de longs siècles après, à la capture du feu, l'homme, déterminé par un milieu changeant, changea lui- même pendant la série des âges, en se différenciant de plus en plus des animaux. Grâce aux vestiges de son passage dans les cavernes et sur le rivage des eaux, grâce aux débris très variés de son indus- trie pendant la série des siècles qui se suivirent avant l'époque de l'histoire écrite, les archéologues (1) ont pu en raconter sommairement l'existence dans les diverses parties du monde et dans ses modes nombreux de civilisation successive. Le grand fait qui ressort des recherches poursuivies avec tant de zèle est que, dans leur évolution, les divers représen- tants de l'humanité s'élèvent, de période en période, par l'art de plus en plus ingénieux et savant de compléter leur individu, d'accroître leur force au moyen d'objets extérieurs sans vie pierres, bois, ossements et cornes. Tout d'abord, le primate (2) dont nous sommes les descendants se bornait à ramasser des branches mortes et des pierres, comme le faisait son frère le singe, et il s'en servait comme d'armes et d'instruments. C'était l'âge de l'humanité que perpétue encore, à certains égards, le farouche Seri du Mexique, portant la pierre ronde qui lui sert de massue. Puis des novateurs, des hérétiques du temps, apprirentà em- ployer des cailloux de forme inégale masses, poignards ou scies, pointes, rabots, râcloirs et autres instruments naturels qu'ils se bornaient à retoucher avec d'autres pierres pour en augmenter le taillant ou la pointe. Cet emploi des outils primitifs, qui se continue encore çà et là sous la forme antique, fut le vrai commencement de l'indus- trie proprement dite déjà l'on façonnait les pierres de silex i. Archéologues savants qui s'occupent des objets et des monuments de l'antiquité. «. Le primate on désigne sous ce nom le singo le plus voisin do l'homme.