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Les deux Frères Jérusalem ETAIT UN CHAMP LABOURE; deux frères possédaient la partie de terrain où s'élève aujourd'hui le temple; l'un de ces frères était marié et avait plusieurs enfants; l'autre vivait seul. Ils cultivaient en commun le champ qu'ils avaient hérité de leur mère. Le temps de la moisson venu, les deux frères lièrent leurs gerbes, et en firent deux tas égaux, qu'ils lais- sèrent sur le champ. Pendant la nuit, celui des deux frères qui n'était pas marié eut une bonne perisée; il se dit à lui-même «  Mon frère a une femme et des enfants à nourrir il n'est pas juste que ma part soit aussi forte que la sienne; allons, prenons dans mon tas quelques gerbes que j'ajouterai secrètement aux siennes; il ne s'en apercevra pas, et ne pourra ainsi refuser. » Et il fit comme il avait pensé. La même nuit, l'autre frère se réveilla et dit à sa femme «  Mon frère est jeune; il vit seul et sans compagne, il n'a per- sonne pour l'assister dans son travail et pour le consoler dans s.es fatigues il n'est pas juste que nous prenions du champ commun autant de gerbes que lui. Levons-nous, et por- tons secrètement à son tas un certain nombre de gerbes il ne s'en apercevra pas demain et ne pourra ainsi refuser. » Et ils firent comme il avait pensé. Le lendemain, chacun des deux frères se rendit au champ, et fut bien surpris de voir que les deux tas étaient toujours pareils. Ni l'un ni l'autre ne pouvait intérieurement se rendre compte de ce prodige. Ils firent de même pendant plusieurs nuits de suite.; mais comme chacun d'eux portait au tas de l'autre le même nombre de gerbes, les tas demeuraient toujours égaux, jusqu'à ce qu'une nuit, tous deux s'étant mis en senti- nelle pour approfondir la cause de ce miracle, ils se rencontrè- rent portant chacun les gerbes qu'ils se destinaient mutuel- liement. Lamartine, 'Voyage en Orient (tachette, Ldit.) . Les Pêches Le paysan Tikhou Kouzmith, revenant de la ville, appela ses enfants. «  Regardez, mes enfants, dit-il, quel çadeau l'oncle Ephrim vous envoie. » Les enfants accoururent, et le père ouvrit le petit paquet. «  Voyez les jolies pommes, s'écria Vania, jeune garçon de six ans; regarde, maman, comme elles sont rouges.