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PRÉFACE


Il nous paraît bon d’exposer brièvement la méthode, la matière et l’esprit de cet ouvrage.

Avant tout, ce sont des histoires. Pas de morceaux choisis, mais des récits qui enferment une action complète. Une assez longue expérience des enfants nous a fait voir que là était la condition nécessaire de l’intérêt. L’enfant veut des histoires ; il aime les péripéties ; il réclame surtout le dénouement. Il n’a pas encore de la beauté littéraire un sens assez net pour qu’elle puisse suppléer au manque d’action. C’est pourquoi nous avons éliminé résolument de ce recueil destiné à l’enfance les descriptions, les portraits, les dissertations morales qui encombrent les ouvrages de ce genre. Quelle que soit la beauté de leur forme ou l’excellence de leurs enseignements, le défaut de ces morceaux est de passer par-dessus la tête de l’enfant, de le laisser indifférent, parce qu’ils n’amusent pas son imagination et n’émeuvent pas son cœur.

Au reste, si quelqu’un de nos récits paraissait encore au maître dépasser l’intelligence des enfants, qu’il veuille bien réfléchir que non seulement nous nous sommes mis à deux pour les examiner, les discuter et les choisir, mais que, bien plus, nous ne les avons admis dans notre recueil qu’après les avoir expérimentés dans le premier cycle, devant des élèves de dix à quinze ans. Cette seule épreuve est une garantie suffisante du soin que nous avons apporté au choix de ces Contes et Récits.

Ce sont des histoires d’enfants. Les enfants ne cherchent-ils pas, et avec raison, les amis de leur âge ? Ces amis, ils peuvent les trouver parmi les maîtres de la littérature moderne. Notre xixe siècle, avec sa complexité si vivante, nous permet de choisir dans une matière assez vaste. Les souvenirs d’enfance des grands écrivains, Chateaubriand, George Sand ou Michelet, en racontant des histoires simples, dérouleront sous les yeux des petits l’image de leur propre existence. Les petits les compren-