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moussue était spongieuse, avec des taches de neige blanche au Nord. Il se tenait au pied du pigeonnier. Oui, voilà sa fenêtre éclairée, jaune pâle comme un narcisse des prés. Un moment il vit l’ombre de sa tête se profiler sur la lumière.

Il lança un caillou qui sonna contre la vitre, il le lançait comme un signal de détresse à cause de la douleur soudain éprouvée à la pensée que demain il n’y aurait plus là ce narcisse lumineux. Elle ouvrit la fenêtre et se pencha à l’extérieur. Elle avait un châle blanc et en dessous, à la lueur vacillante d’une bougie, il aperçut une manche avec un plissé… une de ces extravagantes chemises de nuit neuves, sans doute.

Et il n’y aurait que deux vieilles dames pour les admirer ! Dieu !

— Bonne nuit, fit-il brusquement, car maintenant qu’elle était là il ne trouvait plus rien à lui dire. Il avait cessé d’être la machine habituelle à frapper des mots, et n’était plus qu’une houle d’instincts et de désirs farouches.

Un éclat de rire tomba de la fenêtre.

— Et c’est pour me dire le « bonne nuit » le plus sec du monde que vous avez réveillé la Belle au bois dormant !

— Vous ne dormiez pas.

— Qu’est-ce qui vous a retenu si tard ?

— Des lettres à écrire.

— Des lettres ? Je ne vous savais pas capable d’en écrire.

— Je peux réussir tout ce que je me mets dans la tête de faire.

— Où sont-elles ? À qui les adressez-vous ? Puis-je les voir ?

— Dans ma poche — et il se frappa la poitrine.