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dans ses yeux. Johnson et lui étaient les hommes d’une tâche de ce genre, car ils sauraient agir contre la ruse, s’opposer à la hardiesse grâce à une connaissance supérieure de la situation, et, n’étant pas des raffinés, ils n’auraient pas scrupule à recourir à la force, si nécessaire. À l’idée d’oser — bien que sans dire un mot — donner des ordres à Mlle Lovekin, Robert, relevant la tête, eut un rire silencieux. Oui, avec l’aide de Johnson il réussirait.

« Ah, mes amis, songeait-il, si elle allait, dans son innocence, se pavaner dans ce grand désert si peuplé de Londres, elle serait bien vite foulée aux pieds. » Et il écrivit :

« Cher ami,

La fille du maître va faire un petit séjour aux Lilas, chez Mme Fanteague. Prière d’avoir l’œil sur elle. Fais-moi savoir de temps à autre que tout va bien. Préviens-moi vite si tu apprends qu’elle part en voyage n’importe où. J’espère que la présente te trouvera en bonne santé comme je le suis moi-même. »

« Robert Rideout »

Il alluma sa pipe et contempla ses enveloppes avec complaisance.

« Voilà qui est réglé » réfléchit-il, et il alla à la fenêtre. La nuit de velours sombre s’appuyait contre elle avec un poids presque palpable, et on avait l’impression que la vitre allait d’un instant à l’autre tomber à l’intérieur. Il tira le verrou et sortit, pénétrant tout droit au cœur d’un grand nuage qui se posait sur Gwlfas comme un oiseau gris. À travers le parc, et le passage voûté, il gagna la petite pelouse devant la ferme, où l’herbe