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sept pour un secret…

un pasteur célibataires… Elle rêvait : quelle surprise ce serait pour les dames qui, à présent, la méprisaient ! Si c’était le prêtre, on la chargerait peut-être même de décorer la chaire, et non plus les deux fenêtres dans l’ombre, près de la porte. Si c’était le docteur, elle aurait pour rien des ordonnances pour les petites doses de bromure que prenait Émilie après les visites de M. Gentil. Si c’était l’organiste… non, il valait mieux que ce ne fût pas lui.

— Eh bien, ma chère, si tu es bien sage et si ton père ne fait pas d’objections, tu viendras passer quelque temps avec nous pour le nouvel an.

— Oh, ma tante, je vous adore !

— Ce n’est pas vrai, Gillian, mais, pourvu que tu me respectes, je n’en demande pas plus.

— Combien de temps pourrai-je rester ?

— Cela dépendra.

— Un mois ? Deux ? Trois ?

— Peut-être un mois.

— Quand, ma petite tante ?

— Quand il n’y aura plus de neige, en janvier, sans doute.

— J’achèterai du cachemire avec l’argent de mes lapins, et je me ferai une robe, et puis je tuerai le canard bleu ardoise.

— Ne t’attifes pas trop, Gillian. Tu sais ce que dit la pauvre Émilie d’une « lady » ?

— Que dit-elle ?

— On sait qu’une femme est une « lady » quand personne ne remarque sa présence.

— Mais, tante, le bleu ardoise passe inaperçu comme une souris.

— Ça dépend comment on le porte. Maintenant, écris-moi mon étiquette, pendant que je fais ma malle.