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sept pour un secret…

confits, du vin mousseux et un manteau de fourrure, et un remède pour le tic douloureux.

— Merci beaucoup,

— Alors, vous m’emmènerez la prochaine fois ?

— Non.

— Eh bien, je demanderai à tante Fanteague de m’emmener, là !

— Tu feras mieux de préparer des rôties, d’aller voir si le feu est allumé dans la chambre d’ami, et de surveiller le fourneau, car ça sent le brûlé.

Gillian retomba à plat et partit, presque en larmes, dans la cuisine si silencieuse et, de là, dans la chambre d’ami plus lugubre encore. Elle ranima le feu qui sommeillait dans la grille, humide tant elle servait rarement, et à sa lueur vacillante, elle regarda le grand lit blanc avec son couvre-pieds ouaté, la table à coiffer glaciale, les rideaux propres mais froids, la toile cirée vernie aux luisants de glace. Pas un bruit, sauf le pétillement du feu et le léger sifflement du vent dans la cheminée. Pour la première fois de sa vie, Gillian était contente de voir arriver sa tante. Mme Fanteague vivait dans le vaste monde, à Silverton même. Il y aurait là quantité de pianos et de professeurs de chant, et des jeunes gens capables de monter un cheval sans selle ni bride, et d’accomplir sur son ordre des exploits hardis et périlleux. Quand elle eut réussi à faire ronfler un feu brillant, elle redescendit vivement pour les rôties. Tournant vers son père une joue brûlante et rougie, elle dit :

— Je voudrais bien qu’elle fût là.

— Vraiment ? Ha !

— J’ai peur que ce ne soit enfin arrivé…

— Quoi donc ?

— Eh bien… Jonathan.