Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/389

Cette page a été validée par deux contributeurs.
367
SEPT POUR UN SECRET…

du triomphe insouciant et de l’humble plaisanterie, il dit :

— Comment, épouser un vacher-berger ?

— Je voudrais bien pouvoir, oh, comme je le voudrais ! Mais je ne m’en irai pas, à moins que vous ne me renvoyiez, Robert.

— Vous n’y pensez pas, vivre avec un vacher, vous, une femme mariée, devenir un objet de risée, vous qui étiez le type de la riche demoiselle ?

Elle ne répondit rien. Uniquement cette étreinte passionnée, ces baisers sur les mains de Robert, ces sanglots.

— Ma chérie, dit-il enfin, Ruth était la femme d’Elmer.

— Ruth ?

— Oui.

— Alors, moi… je suis… ?

— Vous êtes Mademoiselle Lovekin, et il faut que nous trouvions remède à cela. Allons, vous êtes couchée juste en travers du mot « Bienvenue » sur le tapis… ça ne peut pas durer.

Avec un rire, où sonnait toute l’allégresse de cent adolescents qui auraient fait l’école buissonnière, il se baissa et releva le pauvre petit être sanglotant, qui était la première héritière du pays.

Il dut bientôt penser à toutes sortes de choses, à Ruth, qui gisait abandonnée dans la friche, à Elmer, à Johnson… mais ils auraient à attendre.

Il releva d’une caresse les cheveux mouillés et emmêlés qui couvraient le front de Gillian.

— Consentirez-vous à faire ce que vous dira le vacher-berger ? lui demanda-t-il avec un sourire tendre et malicieux.

Un silence. On n’entendait que le tic-tac actif et ras-