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SEPT POUR UN SECRET…

pour rapporter le dîner du dimanche et il fut hors de lui à cette vue.

— Où est Ruth ? s’écria-t-il.

— Je ne sais pas, répondit nonchalamment Gillian, peut-être cherche-t-elle encore un peu de bois avant que la neige ne tombe tout de bon.

Ralph sortit et commença à faire le tour des champs et du coin de lande clos de haies, d’où il revenait d’ordinaire avec des lapins, un lièvre ou un faisan.

Fringal se rendit à l’écurie avec le balai et la pelle. Gillian alluma le feu du parloir et se mit au piano pour rejouer les airs de la veille. Elle était la seule que ne troublât pas ce qu’écrivait Ruth. Qu’importait à la fille d’Isaïe Lovekin, à la femme de Ralph Elmer, qu’une Bohémienne du nom de Ruth se fût autrefois appelée Ailse ? Qu’importait qu’elle eût été trouvée par Fringal et fût maintenant au service de Ralph ?

En rien, absolument en rien.

Elle chanta la chanson d’Esméralda.

Elle ne savait pas que le jeune messager bohémien qui avait apporté une lettre un jour, regardait par la fenêtre de la cuisine, voyait le tableau noir sur lequel restaient les mots écrits — car Ralph en les effaçant aurait avoué — puis, jetant un coup d’œil dans le parloir, reconnaissait la fille de Lovekin, qu’il avait vue une fois étant avec Johnson, après quoi il s’en alla, mais pour revenir, en se glissant comme un fantôme, à travers les champs et autour de la maison.

L’après-midi s’écoula. Cependant, Ralph, qui avait tué une couple de lapins et une perdrix, prenait le chemin du retour. Il marchait le long de l’épaisse haie de houx qui clôturait la dernière pièce de terre de la ferme et se terminait à la friche. Il ne vit pas Robert dans le champ. Robert venait de partir pour l’auberge demander