Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/331

Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE XXVII

Elle m’a bercé en rêve.


Tout le blé était enfin rentré, jusqu’aux moindres râtelées. Les poules et les dindes qui y picoraient des grains étaient partis dans les chaumes, on arrachait les pommes de terre, le bourdonnement de la batteuse commençait déjà à se faire entendre, et bientôt Robert tracerait à travers les champs jaunâtres des sillons bien droits d’un rouge brun. Les ventes de moutons de l’automne se faisaient dans les montagnes. Les brebis qui s’étaient régalées tout l’été dans les herbages gras de la vallée et des sommets étaient ramenées avant que ne vienne le mauvais temps, et chacun des métayers ne gardait sur les collines qu’un petit troupeau. Isaïe emmenait toujours Robert à ces foires, car il est d’usage que le berger en ces cas-là donne son avis à son maître. Isaïe et Ralph occupaient donc le siège de devant, Robert la banquette de derrière, et il ramenait les moutons. Parfois, quand Ralph riait de son rire présomptueux, insouciant, Robert sentait ses mains se contracter et il avait brusquement le désir de le jeter à bas de la