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SEPT POUR UN SECRET…

les plus chaudes. Quant à la fiancée, c’était, suivant l’expression de la femme du sacristain, « l’image même de la pureté ». « Et, fit-elle observer à sa toute jeune fille, si, quand tu marcheras à l’autel, tu y vas comme elle, tout sera pour le mieux. »

Sur quoi la fille eut un sourire narquois, car les jeunes ont une clairvoyance déconcertante. Fringal était là, dominant son exaspération. Ensuite, le déjeuner fut tout ce que doit être un repas de noce. La plus vive gaîté régnait, car quand il plaisait à Isaïe de se divertir l’Olympe tremblait. Il plaisantait, et le Recteur lui-même était folâtre. On admirait les cadeaux, et le mystère du piano demeurait un mystère. On aperçut Elmer embrassant sa femme derrière le pigeonnier, et, comme personne ne sut qu’elle en avait été furieuse, tout le monde trouva que c’était délicieux. Jonathan et Fringal, en étonnants costumes du dimanche, avec des manchettes, dont ils avaient honte comme si c’étaient des menottes, déployaient tout leur talent à servir. Fringal, sans rien dire, joua quelques bons tours aux plats du buffet froid, et la lutte de Jonathan contre son ennemie la matière inanimée atteignit à son paroxysme. En effet, chargé de porter le gâteau du dressoir sur une servante, pour qu’il fût plus facile de le couper, il le laissa tomber par terre, et on n’eut plus besoin d’en détacher les ornements en sucre : il suffit d’en ramasser les débris.

Le déjeuner à peine digéré, on servit le thé, et quand ce fut fini, la patience d’Elmer était également à bout.

— Le cob, Fringal, dit-il.

— À votre service, répondit celui-ci.

Et, en un tournemain, le cob et le cabriolet furent avancés, Gillian y grimpa, puis Elmer, et Fringal enfin sauta, comme un pinson sur un énorme tournesol, et ils partirent au grand