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SEPT POUR UN SECRET…

Et par-dessus tout, plus grave que tout était le fait — dont il était à peu près sûr — que Gillian aimait Elmer.

« Il faut que je reste où je suis, pensait-il, c’est de l’absinthe dans la bouche, mais il n’y a rien d’autre à faire. Je mourrai sans enfant, car en prendre une autre que Gillian, ça, jamais. On balancera le berceau dans la cuisine d’Elmer, mais pas dans la mienne. »

— Eh bien, mère, dit-il en se levant pour aller au lit, je vais demain voir Gruffyd Conwy. J’emporterai un morceau à manger, si vous voulez bien.

— Quoi ? cria Jonathan, si fort que le chat traversa la cuisine d’un bond. Comment ? Tu n’assisteras pas au mariage ? Tu ne seras pas au souper ? Seigneur ! Seigneur ! Qu’est-ce qui s’est détraqué dans ta pauvre tête ? Mais, pauvre garçon, il y aura trois fois de quoi te remplir la panse : chez Lovekin le matin, encore chez lui au thé, et pour dîner à La Femme Nue. Du bœuf, du mouton et de l’excellente ale, et un tas de bonnes histoires, car il n’y a rien comme une goutte de bière pour faire sortir les histoires de la tête des vieux ; elles s’envolent comme des oiseaux d’une cage.

— Allons, mon bon, dit Mme Makepeace, pour arrêter le flux de paroles, laisse Robert tranquille. Il n’aime pas les vieilles histoires comme toi. Il aime la musique, lui, chacun emploie son congé à sa façon, pourquoi n’en ferait-il pas ce qui lui plaît ?

Elle donna à Robert une petite tape timide sur l’épaule, et ôta de la main de Jonathan le couteau que, dans la surprise que lui avait causée Robert, il avait oublié, et dont la pointe était dirigée droit vers son œil.


Au Repos de la Sirène, la chambre nuptiale était prête, aussi jolie, aussi nette qu’avaient pu la faire les mains