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à sa grand’mère — qu’elle se trempait les doigts quand ils étaient poissés. Les raisins bruns étaient entassés sur un plat jaune et elle faisait une gracieuse image avec ses deux nattes de cheveux châtains, ses sourcils noirs sur des yeux d’un gris lavande et son visage au teint vif, malgré le hâle de campagnarde sous lequel affluait un rose frais. La lueur du feu la caressait et Simon, quand les morceaux de gras qui tombaient de la planche à hacher de Mme Makepeace lui en laissaient le loisir, lui lançait des clins d’œil d’adoration naïve.

Mme Makepeace faisait des pâtés d’andouilles et des chaussons aux pommes,

— Eh bien, dit-elle, en hachant si rapidement qu’elle semblait à chaque fois se couper les doigts, si jamais on a nettoyé, c’est bien aujourd’hui.

Gillian soupira : elle détestait presque autant que Simon ces grands branle-bas de travaux domestiques.

— Je pense que ma tante Fan-te-a-gue devra être satisfaite, fit-elle en articulant chaque syllabe du nom.

Mme Fanteague, déclara Mme Makepeace, est une dame qui n’est jamais contente. Arrachez-vous le cœur, servez-le sur une rôtie, arrosé du jus de tous vos os et muscles, dira-t-elle « merci » ? Elle reniflera, jetera un coup d’œil et dira de sa voix caverneuse : « Ce qu’il vous faudrait, ma brave femme, c’est un cœur plus grand. »

Gillian éclata de rire et Simon, qui adorait sa voix, s’approcha avec un grognement de joie et sauta sur ses genoux.

— Sauf vot’respect, Mam’selle Gillian, et faites excuse si je plaisante votre tante.

— Ma foi, dit Gillian en repoussant le plat de raisins, je crois que j’aimerais assez monter dans la