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SEPT POUR UN SECRET…

Ah oui, c’est parole d’évangile, mais le maître veut que ce soit fait ; alors, tu vois, je m’y suis mis.

— À voir ce qui est fait, tu dois y être depuis plusieurs jours.

— Je n’ai commencé que ce matin.

— Bon Dieu, tu es un rude travailleur, Rideout.

— Traverse, il reste une goutte de bière, viens t’asseoir par ici.

— Eh bien, petit, dit Johnson quand il eut franchi la haie et ôté son chapeau, pour que le vent pût jouer dans ses longs cheveux gris, eh bien, nous l’avons arrêtée.

— Oui, répliqua Robert sans enthousiasme.

Il sentait tout ce qu’il y avait d’ironie dans le fait qu’il avait ramené Gillian juste à temps pour Elmer.

— Ah, j’ai été rudement embêté quand j’ai découvert ce qu’elle voulait faire, dit Johnson avec un rire étouffé, en bourrant sa pipe en terre. Puis une expression triste, sombre, se répandit sur son visage, et il ajouta :

« Ça aurait pu être la mienne, ma petite Ailse aux yeux noirs.

— De qui parles-tu ?

— De ma petite qui a disparu.

— Elle avait les yeux noirs ?

— Oui, comme sa mère. Je t’ai parlé d’Esmeralda ?

— Pour sûr, je suis au fait, pour Esmeralda.

— Eh bien, c’est un premier Août que j’ai amené Esmeralda à ma nouvelle roulotte, et la petite est née au début de Mai. Esmeralda m’envoie chercher par la vieille matrone aussitôt qu’elle est délivrée de l’enfant, et elle lève les yeux sur moi en souriant et me dit : « Enfin ! Enfin ! » — « Comment, dit la vieille, vous n’auriez pas pu lui donner un enfant beaucoup plus vite, ma petite. » Alors elle met la vieille à la porte —