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SEPT POUR UN SECRET…

— Je veux dire que ce n’est pas aujourd’hui, ni demain, ni en un an que la vérité se révèle et que l’on éprouve le métal. Jacob a travaillé sept ans pour Rachel et a compté cela pour rien. On ne lasse pas l’amour, on ne lasse pas la vie. On n’échappe pas aux mots qu’on a fait retentir et aux actions qu’on a accomplies.

— Vous êtes amoureux de cette fille, Rideout.

— Et si je l’étais, dit Robert, tandis qu’un spasme douloureux lui contractait le visage, quand je serais épris d’elle, suis-je tenu de vous le déclarer, Elmer ? Si j’étais amoureux d’elle et elle de moi, si tout allait bien, vous figurez-vous que je resterais là à discuter avec vous comme ça ?

— Vous l’aimez, je le vois. Moi aussi ça me tient fort. À présent, franc et loyal, Rideout. Que voulez-vous pour me laisser courir ma chance le premier ?

— La première et la dernière chance, et toutes les chances sont pour vous, dit Robert avec une profonde amertume. Est-ce que je ne suis pas qu’un berger-vacher et vous un homme riche ? Je ne suis pas qualifié pour cette course-là. Tout ce que je vous dis, c’est : laissez cette enfant tranquille, Elmer.

— Mais supposez qu’elle ait du goût pour moi, alors… quoi ?

— Si elle avait un sentiment pour vous, Elmer — quoique je ne puisse pas dire que vous me plaisiez — il n’y a rien au monde que je ne serais prêt à faire pour vous — du moins — et il eut un petit rire embarrassé — du moins si je pouvais ne pas vous assommer.

— Qu’est-ce que vous feriez pour moi ?

— Je soignerais votre jardin, je labourerais vos terres,… je crois, ma parole, que je serais capable de me