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SEPT POUR UN SECRET…

vendrais mes pennillions, s’ils étaient dans un livre, pour que vous les lisiez, si vous en aviez envie, mais je ne vous les vendrai pas pour qu’ils vous appartiennent. Supposez que le « Squire » vienne trouver Gruffydd et lui dise : « Conwy, je suis un fainéant, je vous donnerai cent livres pour dire que c’est moi qui fais vos fers à chevaux. » Supposez que Conwy les accepte ? Que serait-il alors ? Il ne serait pas « Squire », il ne serait plus forgeron, il ne serait qu’un propre à rien. Eh bien, si je vous vendais mes pennillions, que serais-je ? Et que seriez-vous ? Elle ne vous en aimerait pas mieux pour être déguisé avec les pensées d’un autre. Si elle vous aime, c’est à cause des choses que vous ne pouvez pas faire autant que pour celles que vous êtes capable de faire. Mais j’espère qu’elle ne vous aime pas.

Leurs yeux se rencontrèrent, tranquillement, mais néanmoins avec fureur. Dans ceux de Ralph il y avait de la passion mêlée de défi et de diablerie ; dans ceux de Robert se lisaient également passion, défi et diablerie, mais aussi la science intuitive du poète.

— Il y a quelque chose de pas clair dans votre vie, Elmer, dit-il. Demandez-vous si vous devriez approcher un être aussi brillant que Gillian Lovekin.

— C’est Gillian qui en décidera.

En entendant ce nom sortir de cette bouche, Robert enfonça son talon dans le sentier, si fort qu’il brisa une grosse pierre.

— Et le meilleur homme l’emportera, ajouta l’autre.

— Je ne prétends pas être le meilleur, et dans ce monde ce n’est pas souvent le meilleur qui gagne. Moi je dirai : « Que celui qui fera le plus pour elle remporte à la longue la victoire. »

— Qu’entendez-vous par là ?