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SEPT POUR UN SECRET…

une longue, une épouvantable lamentation, comme le cri d’une chouette, que répètent tous les échos et qui glace tout le monde jusqu’aux moelles. Et quand la mariée est dans son lit et que l’époux entre dans sa chambre et lui chuchote quelques mots pour la ragaillardir et la faire rire, qu’est-ce qu’elle fait ? Elle pousse encore son affreux hurlement. Et ça recommence chaque fois qu’il approche d’elle : quand elle aurait dû être heureuse, elle gémissait. Alors, lassé, il l’a quittée et est parti pour les mers du Sud et a épousé une négresse. Puis la dame du petit Endor est morte, et tous les ans, quand revient l’anniversaire de la nuit de noce, on entend une lamentation. Alors, quand je vous ai vu vous tordre, je me suis dit : « Il vient peut-être du petit Endor. »

Une grimace contracta le visage de Fringal, qui dit précipitamment :

— Je n’ai rien à cacher.

— Vous me rappelez l’homme qui avait volé le Saint-Ciboire, parce qu’il brillait, continua Jonathan. Il s’en empara entre la communion et le moment où on le serrait dans le tabernacle, et on le vit se sauver en courant à travers les prés. Il n’avait probablement pas bien sa tête, il avait toujours été un peu braque.

— C’était un de vos proches parents ? demanda Fringal, mais l’ironie fut perdue pour Jonathan, qui avait une magnifique inconscience de sa réputation de bouffon et racontait toujours des histoires de gens de son acabit, à la grande joie de son entourage.

— Pas mon parent du tout, répondit-il. Alors il mit l’objet sous son oreiller et se coucha, et quand l’agent de police se présenta chez lui il dit : « Je n’ai rien à cacher », qu’il dit tout d’un trait, « je n’ai rien a cacher, mais je suis malade, qu’il dit, et il ne faut pas me tou-