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SEPT POUR UN SECRET…

qu’une fois. Si vous consentez, je vous rapporterai un morceau de musique de la prochaine foire à laquelle j’irai.

Elle hésita : il paraissait bien inoffensif… Elle s’approcha, se pencha vers lui et les chatons lui touchèrent juste la bouche.

— Oh, cria-t-elle, oh, laissez-moi… laissez-moi !

Car soudain la prudence d’Elmer, ses facultés d’homme d'affaires étaient parties au diable. Il avait rarement, eu envie d’une chose autant qu’il désirait appuyer sa tête contre la robe ardoise. Il l’entourait de ses bras, il serrait étroitement son visage entre les seins de Gillian, parmi les chatons du bouquet. Elle était haletante et terrifiée.

— Oh, Monsieur Elmer, le vieux va entrer ! cria-t-elle, et elle entendit son pas quelque part dans le corridor carrelé.

— Lâchez-moi !

Mais l’étreinte passionnée, presque torturante, ne se relâchait pas. Le coussin était si doux, le parfum de violettes si délicieux. Il avait jusque-là donné si peu de temps au romanesque, et là, il en goûtait l’essence même. Il ne tenait aucun compte de ses supplications, qui se faisaient plus pressantes à mesure que les pas se rapprochaient. Il restait assis là, la tenant courbée sur lui et mal à l’aise, et continuait à appuyer sa figure sur la poitrine de Gillian et sa main sur son dos au point qu’elle étouffait et se sentait défaillir.

Un instant encore et Fringal entrerait. Mais tout à coup, à l’autre porte, à celle par laquelle elle était entrée, retentit un heurt bruyant, anxieux. Elmer l’entendit et laissa aller Gillian. La porte s’ouvrit lentement et Ruth entra, puis presque aussitôt après Fringal, qui tressaillit à la vue de Gillian, la regarda