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— Si j’étais le maître, il filerait plus vite que l’éclair, et pour ne jamais revenir, dit Robert très boudeur. Ils passèrent le lait en gardant un silence distant. Puis en se dirigeant vers la porte, Robert demanda :

— Je suppose que cette année vous ne songerez pas à venir dénicher des oiseaux ?

— Je suis grande, à présent, Robert.

— Je connais trois ou quatre couvées qui se préparent et je ne serais pas étonné qu’un peu plus tard il y eût un nid de mésanges dans notre jardin.

— Eh bien, j’y penserai peut-être… un matin, de bonne heure.

— Et puis, si j’étais vous, Gillian,… Mademoiselle Gillian, je dirais à Ralph Elmer : « Passez votre chemin », plus souvent que je ne l’accueillerais avec des paroles de bienvenue.

— Ah oui, vraiment ?

— Certainement, et je ne voudrais pas devenir la risée de tout le monde comme une « Gill-flirt, », si j’étais vous.

— Voilà ce que vous feriez, vraiment, Robert ? Et si je vous envoyais promener, vous ? Mais il faut que je rentre. Si je reste à bavarder avec vous dans la laiterie, on me traitera d’effrontée, de « Gill-flirt ». Bonsoir, Monsieur Rideout. Espèce de glaçon !

En mettant le couvert pour le thé de son père, Gillian plaignait un peu Robert. Il n’avait pas d’argent, pas d’auberge, pas de moutons, rien : ce n’était qu’un pauvre diable, sans le sou. Et pourtant… M. Elmer serait-il un camarade aussi agréable, un ami aussi fidèle ? Aurait-elle autant de plaisir à prendre le thé avec lui qu’avec Robert à l’embranchement ? Tout de même Ralph Elmer la faisait rire… enfin, grâce à ses plaisanteries et à ses galopades, le temps passait plus