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qui concernait sa fille, il n’était, aux yeux d’Elmer, qu’un imbécile. Il verrait un peu si la fille du vieux Lovekin resterait chez elle le jour où lui, Ralph Elmer, lui dirait : « Suis-moi. »

— Mais vous n’êtes pas un épouseur, prononça lentement Isaïe, et Elmer rougit jusqu’aux cheveux en sentant découvertes ses pensées les plus intimes. Isaïe fut content de le voir rougir, car il reconnaissait ainsi son pouvoir. Et puis quel coup pour Rideout ! Une fois ces étincelles bien allumées dans les yeux d’Elmer, Isaïe estimait que la plupart des choses — y compris le vacher-berger — disparaîtraient devant son ardeur à réaliser son désir.

— Eh bien, maintenant, dit-il, nous allons fumer puis faire un somme, et ensuite je vous montrerai les agneaux… Montez-vous bien à cheval ? demanda-t-il négligemment.

— Je vous crois : je n’ai pas encore rencontré la bête que je ne pourrais pas manier à ma guise.

Ils s’installèrent devant le feu avec leurs pipes et des journaux. Au bout d’une demi-heure Isaïe leva les yeux.

— Si vous prenez tout le lot, dit-il, vous pourrez avoir les agneaux à un shilling de moins par tête que je n’avais demandé. Et Dieu sait que j’avais fait un prix rudement bas.

— Merci bien, dit Elmer ; et pendant qu’Isaïe somnolait, il souriait en regardant le feu. La question sur l’équitation lui avait révélé à la fois le secret de Robert et celui d’Isaïe. C’était la fille de Lovekin qui avait inspiré à Robert d’être un hardi cavalier, donc celui-ci était amoureux d’elle. Isaïe, lui, cherchait quelqu’un d’autre qui pût s’emparer du cœur de sa fille, autrement dit, Isaïe ne voulait pas d’un vacher-berger pour gendre.