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le facteur. En bas, Abigaïl se mit de bonne heure en mouvement, car des funérailles, un dimanche, auxquelles tout le monde était libre d’assister, étaient une chose qui ne se produisait pas tous les jours. Elle était contente que sa robe de mérinos fût si convenable. Elle l’avait relevée avec des épingles sous son tablier Le veston noir de Jonathan s’aérait près du feu et lui-même, endormi après une nuit passée dans la hutte de l’agnelage, essayait, assis sur le banc, de persuader au crêpe de son chapeau de ne pas faire de plis. Mme  Thatcher aurait été contente si elle avait pu voir l’agitation que provoquait son enterrement, et cela en pleine saison de l’agnelage, l’époque la plus occupée de l’année aux Gwlfas.

— La brebis à tête noire a mis bas trois agneaux, dit Jonathan à Robert qui entrait, et il y en a deux qui font mine de vouloir mourir.

Il était évident qu’il ne songeait pas à les en empêcher. S’ils avaient mis ça dans leur tête, ils mourraient, quoi que pût faire Jonathan.

— Où sont-ils ?

— Avec les autres. Elle est si affairée qu’elle n’a pas voulu me laisser les enlever. Où vas-tu ?

— Les chercher.

Et il était déjà parti.

— Quel garçon ! Quel bonhomme, toujours en mouvement, jamais content ! Pourquoi ne les laisse-t-il pas ? Ils veulent mourir, on peut bien essayer ce qu’on voudra.

— Robert ne veut pas les laisser mourir.

— Que seraient devenus les moutons hier, sans moi ? Quel animal… s’en aller bougonner tout seul au moment de l’agnelage !

— Ce n’est pourtant pas souvent que le petit prend un congé, n’est-ce pas ?