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les petits pennillions, c’est de me creuser l’appétit. Quand j’ai chanté, j’ai besoin de manger : ça va de soi, pour l’homme comme pour l’oiseau.

Là-dessus, Mme  Conwy versa le bon thé bien fort et la crème épaisse, coupa du pain et le beurra, regardant les deux hommes avec des yeux tendres, de mère pour Robert, d’épouse pour Gruffydd, et parla un peu, pas trop, car elle avait le double don de la bonté et du silence. Et quand le calme de la campagne eut été accentué par la nuit de plus en plus profonde, que les champs de la lande furent argentés par la lueur de la lune et que les chouettes se mirent en chasse, alors seulement Robert, passant le dos de sa main sur sa bouche, se leva en disant : « Merci beaucoup, monsieur et madame Conwy. »

— Revenez, mon garçon, revenez, lui cria Gruffydd avec la gentillesse empressée d’un artiste.

À l’auberge, près du gué, se tenait Elmer, le bras passé dans les rênes, dans l’attitude du paysan à la patience inlassable.

— À chacun son tour de monter, voulez-vous ? dit-il en désignant la selle.

— Ce n’est pas de refus, pour sûr, et merci bien.

— À vous d’abord.

Il regarda attentivement Robert sauter en selle et son ton se fit alors plus cordial.

— Vous avez l’habitude du cheval, dit-il.

— Ah, depuis toujours.

— Vous me faites l’effet d’avoir appris à monter à poil.

— Vous parlez d’or, dit Robert.

— Et pourquoi ça ?

— Eh bien, dit-il avec un sourire prudent, il y avait une fille qui trouvait qu’un garçon n’est bon