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déjeuner, un jour, quand les matinées seront plus claires.

— Mais jamais je ne…

— Oh, mais vous le ferez pour une fois, M.  Gentil. Ce sera magnifique, sur la Severn.

M.  Gentil soupira. Il ne se levait jamais avant neuf heures et il détestait ramer. Mais cette petite passionnée implorait si gentiment ! Ses yeux étaient si suppliants !

Il n’était pas assez jeune pour lui résister.

Car la jeunesse est impitoyable. Il n’est pas vrai que les jeunes gens soient plus accessibles à la tentation. Ce sont les hommes d’âge moyen, regrettant leurs échecs ou leur demi-succès, enclins à la mélancolie, pleins de respect pour la jeunesse, heureux de tout chant qui leur fait oublier le silence grandissant autour d’eux, ce sont eux qui trouvent difficile de dire non.

Robert Rideout aurait lancé un « non » et c’eût été fini. M.  Gentil, lui, hésitait, et durant cet instant Gillian lui mit la main sur le bras, et il fut perdu.

— Un jour, oui, un jour, mademoiselle Juliana.

— Le premier jour de soleil, quand le temps se sera un peu éclairci, dit-elle résolument.

M.  Gentil, l’air assez malheureux, consentit, mais ajouta que l’hiver serait sans doute long et le printemps, froid et humide.