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Nus avoirs ne leur puet souffire ;
Li uns i sache, l’autre i tire,
Adès i vivent entendant.
Li mondes leur fait entendant
745Qu’il n’est riens qui ses deduis vaille.
[1]Tu le vois, nus ne se travaille
[2]Fors qu’as grans avoirs à aquerre ;
Autre labour ne font en terre,
En autre dieu ne sont creant
750Et si te di bien et creant,
Com plus ont, tant leur souffit mains ;
Adès ont il wides les mains,
De biens qu’il aient n’ont leesce.
Et tout ce fait l’ordre destresce
755Et avarice la punaise,
Qu’il n’ont onques de nus biens aise
Ne n’osent leur mons abaissier
Ne eulz d’aumosnes encraissier,
D’abstinences ne d’œvre faire
760Ne chose qui à Dieu puist plaire.
Tant sont angoisseus et destroit
Qu’adès cuident il à l’estroit,
Que terre leur doie faillir ;
Leur avoir n’osent assaillir,
765N’ont joie ne deduit du leur ;
Adès vivent sus à douleur
Et amaigrissent sus leur biens.
Tel gent sont comparé aus chiens
[3]Qui sont si maigre, et as oisiaus,
[4]770Qu’il n’ont que cuir, noirs et ossiaus
Seur ces grans charoignes et crasses.
Compains, or vien avant et passes

  1. nus n’est tr. ; A. nus ne s’i tr.
  2. et à aq.
  3. Mon ms. et A ont aigre (contraire au sens).
  4. noirs, AB. ners.