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Sans méconnaître quelques infirmités attachées à sa poésie, attachées surtout au caractère général de l’art à son époque, nous ne lui disputerons ni quelque talent à tourner le vers, ni de l’habileté à se tirer des matières de commande qu’il avait à mettre en escript ; nous reconnaîtrons volontiers que souvent il déploie de la grâce en peignant une vertu et de la verve en censurant un vice ; nous lui tiendrons compte aussi des accents mâles avec lesquels parfois il rappelle aux puissants les obligations qu’ils ont contractées en arrivant au pouvoir ; nous ne voudrions pas contester non plus que, généralement, sa parole soit l’écho d’une âme honnête et portée vers le bien. Et ces qualités nous feront pardonner au poëte, quand il lui arrivera de tomber dans le défaut de la complaisance et d’associer des excès d’éloge à des conseils et des avertissements pleins de sagesse ; quand, en d’autres termes, le ménestrel à gages vise plutôt à plaire qu’à corriger, ou cherche à corriger sans trop déplaire.

En définitive, Watriquet, dans sa poésie et dans les allures qu’il lui donne, reflète le milieu où il a vécu et porte l’empreinte de la littérature de son siècle. À ce titre seul, le comité formé au sein de l’Académie était bien inspiré en accueillant son œuvre dans la collection nationale qu’il est chargé de réunir.

Si de ces considérations générales sur le caractère de l’œuvre littéraire du poëte, nous passons à sa biographie, nous n’aurons pas la satisfaction d’ajouter grand’chose à la phrase par laquelle elle s’est résumée jusqu’ici chez les rares auteurs qui ont, avant nous, touché ce