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dire aussi pourquoi cela importe tant, et de nous justifier votre double assertion.

Pourquoi l’exploitant doit-il être servi le premier ? Pourquoi la société ne viendrait-elle qu’après lui ? Est-ce que d’abord la société n’est pas plus considérable que l’individu ? Ensuite, remarquez que l’exploitant perçoit son salaire, dans votre système, avant de toucher à la rente. Avec son salaire, il a déjà de quoi vivre ; ses frais sont remboursés ; sa part de rente est pour lui quelque chose comme un superflu. Mais la société, si vous lui défendez de prélever l’impôt sur le salaire, n’a plus pour toute ressource que la rente. Il me semble donc au contraire à moi que la société devrait être servie la première.

Enfin, pour que le revenu social ou l’impôt se trouve principalement dans la rente foncière, il serait désirable que la rente foncière fût quelque chose de réel et de palpable et non pas un spectre fantasmagorique. Remarquez encore que, selon vous, la rente pourrait être nulle, dans le premier des cas que vous avez prévus, ou même négative, dans le troisième. Que ferait l’État, le cas échéant ? Il se passerait de revenu, ou peut-être même il rapporterait à la masse ?

C’était la pensée des physiocrates que la rente foncière devait acquitter sinon la totalité, au moins la majeure partie de l’impôt ; c’est cette même pensée qui a fait commencer le cadastre.

M. Proudhon qui dit :—« Point de richesse sans travail. »—invoquant l’opinion des physiocrates me fait l’effet de vouloir nous jeter de la poudre aux