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peut-être vous sont-ils apparus en rêve, comme les numéros gagnants des loteries apparaissent aux bonnes femmes ?

-—Point, dit M. Proudhon : c’est mon opinion.—Vous ne sauriez vous figurer, Monsieur, combien je suis ravi de la connaître. Mais je me vois forcé de vousdire qu’une opinion, fût-ce la vôtre, ne fait pas de la science. Dites-moi, si votre opinion n’est pas celle de Pierre, ni celle de Paul, ni la mienne, que ferons-nous ? Nous nous battrons ensemble probablement ? Avouez, avouez plutôt qu’à votre investigation, le travailleur et l’État, comme deux bandits, s’en vont attendre le propriétaire foncier au coin d’uh bois pour l’égorger, et se partager sa défroque amicalement, l’un prenant sa montre, l’autre s’adjugeant sa bourse, et la tabatière se tirant à la courte-paille…

Il n’est pas possible de donner une formule absolue de partage pour un compte dont les éléments peuvent varier à l’infini.

Il est tout à fait impossible à vous, Monsieur, pour ne pas dire ridicule de vouloir faire la balance exacte et donner une formule quelconque de partage de la rente telle que vous l’entendez. Comment partager exactement, à quoi bon même partager d’une façon quelconque une pure hypothèse, une fiction fugitive, un concept insaisissable ?

Tout ce qu’il importe de dire, quant à présent, c’est que l’exploitant doit être servi le premier, conformément au principe du salaire ; et que le revenu social, ou l’impôt, doit se trouver principalement dans la rente.

Cela importe essentiellement. Mais alors ce qui ferait également assez important, ce serait de nous