réellement, et, loin de tendre à disparaître, s’élève continuellement dans une société progressive, eu raison de la rareté croissante du sol, par suite de la multiplicité des usages pour lesquels on en réclame l’emploi, Reportons-nous à trois ou quatre siècles en arrière, le montant de la rente foncière en France était peut-être de 300 ou 400 millions ; il y a cent ans, elle pouvait atteindre 700 ou 800 million. En 1790, lorsque l’Assemblée constituante établit l’impôt foncier, la rente fut évaluée à 4200 millions. Personne, excepté M, Proudhon, n’ignore que la rente foncière atteint aujourd’hui si elle ne dépasse 2 milliards ou 2 milliards 200 millions ; et tout le monde, excepté M. Proudhon, peut prévoir le jour où le revenu annuel du sol de la France vaudra 2 milliards et demi ou 3 milliards, si le pays continue à prospérer, si la population augmente, si les différents arts se développent.
Que peut donc vouloir prétendre M. Proudhon quand il affirme avec une assurance écrasante que la part de rente assignée au sol, représenté par le tenancier ou propriétaire tend à disparaître ? Cette part constitue la rente tout entière, et cette part grossit de jour en jour. N’est-ce pas une bien pauvre économie politique que celle de M. Proudhon ?
La propriété, avons-nous dit, est l’acte de préhension par lequel l’homme, antérieurement à toute justice, établit son domaine sur la nature, à peine d’être dominé par elle. Mais par cela même il implique contradiction que cet acte de préhension lui devienne un titre de redevance perpétuelle vis-à-vis du travailleur qu’il se substitue sur le sol, puisque ce serait lui attribuer vis-à-vie de celui-ci une action juridi-