Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/225

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

point voir compromettre par des fous les intérêts vrais du peuple travailleur qui sont aussi les leurs. Avant de répondre à M. Proudhon toutefois, et pour qu’il n’y ait aucune confusion possible dans l’esprit du lecteur, je déclare une fois de plus mettre hors de cause l’excédant du produit agricole sur le salaire agricole. Cet excédant n’en est pas un : il est la somme de la rente foncière et du profit des capitaux. Je dédaigne de répéter encore une fois que le travailleur n’y saurait avoir aucun droit. Maintenant, quant à l’excédant du salaire déterminé par la loi du marché sur le prix de revient du travail, lequel est au gré du travailleur, j’affirme que cet excédant ne saurait être l’objet d’un droit.

Nous vivons à une époque plus que toute autre féconde en confusions d’idées, en interversions de mots. Tous les principes sont aujourd’hui détournés au profit des terreurs les plus superstitieuses ou des plus audacieuses ambitions. Ici, au dire de prétendus hommes d’État qui ne furent jamais des philosophes, le propriétaire foncier se présente à nous comme exerçant un véritable sacerdoce, et la propriété n’est plus généralement un droit, c’est un devoir. Là des journalistes s’improvisant tribuns déclarent que le travail n’est plus un devoir mais un droit ; et, à les entendre, la République ne saurait se dispenser de fournir à quelques milliers d’amateurs l’occasion de promener des cailloux.

L’erreur de M. Proudhon n’a point d’autre origine, et n’est point d’autre nature ; elle ne trouble pas