tant de théologiens, de philosophes, de jurisconsultes, d’économistes, vous parlez un langage singulièrement incorrect. La propriété ne saurait se réduire à être à la fois un phénomène de psychologie et une faculté psychologique. Elle n’est au surplus ni l’un ni l’autre : elle est une manifestation qualifiée de l’activité humaine ; elle n’est surtout ni étrangère ni indifférente à la justice.
…Que si elle résulte de la nécessité où se trouve l’homme, sujet intelligent et libre, de dominer la nature, aveugle et fatale, à peine d’en être dominé ;…
Rétablissons les faits dans leur sincérité. L’homme sujet intelligent et libre n’est point dans la nécessité de dominer la nature aveugle et fatale à peine d’en être dominé. L’homme est dominé par la nature et il la domine tout ensemble : il est dominé fatalement, et il domine librement. C’est en cette lutte victorieuse que se résume pour l’homme l’accomplissement de sa destinée qui est libre, qui est tout à la fois un droit et un devoir, non une nécessité.
…Si, comme fait ou produit de nos facultés, la propriété est antérieure à la société et au droit,…
Rectifions encore cette assertion. La propriété peut être antérieure à la société et elle l’est réellement ; mais elle ne saurait être antérieure au droit. La propriété c’est le droit ; le droit et la propriété se confondent ; ils se produisent ensemble antérieurement à tout pacte social. Avant toute association avec les hommes, j’ai droit de posséder, je suis propriétaire. J’ai droit d’user de mes bras, de mes jambes, de toutes