Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

droit. La possession ne peut jamais être dite, à leur sujet, légitime ou illégitime, propriété ou vol.

IV. Nous pénétrons dans le vif de la question. Du fait de la liberté, il résulte logiquement que le premier objet de propriété, pour l’homme, c’est lui-même. Mon corps et mon âme, adhérents et identiques à mon moi libre, personnel et moral, m’appartiennent. Je me les approprie ; et cette appropriation que j’appelle naturelle est le principe de toute possession légitime, de toute propriété.

En général l’homme, qui peut seul être sujet du droit de propriété, n’en peut jamais être l’objet. L’homme s’appartient à lui-même. L’esclavage et le servage sont iniques : ils se basent sur une appropriation antinaturelle.

V. Restent, comme objets du droit de propriété, les choses. C’est ici qu’il faut analyser l’appropriation des choses par les personnes.

Cette appropriation est naturelle. C’est un droit et un devoir pour l’homme que de subordonner l’accomplissement des destinées aveugles à l’accomplissement de sa destinée libre. Envisagée surtout comme un devoir, cette poursuite s’appelle travail. Considérée plutôt comme un droit, elle constitua le droit d’appropriation naturelle, de possession légitime, de propriété de l’homme sur les choses. Travail et propriété sont deux faces d’une même idée, comme aussi droit et devoir. À ce point de vue, on peut dire, l’on veut, que la propriété se fonde sur le travail. Il me semble plus philosophique de remonter plus haut