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Du fait de la liberté découle aussi, par imputabilité et responsabilité, la moralité. L’accomplissement de sa destinée qui n’est, chez l’être impersonnel, qu’instinct ou fatalité inconsciente se résout, pour l’homme, en une série de droits et devoirs.

Alors, 1° toute manifestation de la volonté libre de l’homme participe du caractère de moralité. Elle tombe immédiatement sous l’appréciation de la justice. Elle peut et doit être dite bonne ou mauvaise. Le droit et le devoir sont inhérents à la personnalité humaine.

Et 2° l’homme, seul être libre et personnel, peut seul avoir des droits à faire valoir, des devoirs à remplir. Le droit et le devoir sont spéciaux à l’humanité.

III. L’appropriation est une manifestation de la volonté libre de l’homme ; elle participe donc nécessairement du caractère de moralité. Elle tombe, dès l’instant qu’elle se produit, sous l’appréciation de la justice. Elle est pour ou contre le droit et le devoir. La possession est légitime ou illégitime, propriété ou vol.

La propriété possession légitime, pouvoir moral, est un droit.

Par où l’on voit que l’homme, seul être libre et personnel, peut seul être sujet du droit de propriété. Il faut se moquer de M. Thiers et de ses animaux propriétaires : les animaux accomplissent leur destinée sous l’empire et la direction de leur instinct ; l’appropriation est pour eux une nécessité, non un