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Avant de répondre à cette question, il faut savoir ce qu’est la propriété elle-même.

Je me charge de vous le dire si vous voulez.

La propriété, c’est la possession légitime. La possession consiste à jouir d’une chose, à l’exploiter à son profit, à la consommer pour son usage, à en disposer suivant sa volonté. La possession est légitime quand elle se fonde sur une appropriation naturelle. Voilà ce que c’est que la propriété.

Et qu’est-ce que la balance de la propriété ?

C’est la détermination des conditions dans lesquelles le droit de propriété de chacun peut s’exercer sans porter atteinte aux droits d’autrui.

Je vous prie, Monsieur, de bien distinguer toujours l’une de l’autre ces deux questions que tout d’abord vous séparez si nettement.

Première question.De l’appropriation naturelle et de la possession légitime. C’est la première partie du problème. C’est la question de l’origine et du fondement de la propriété. C’est une question de droit naturel.

Deuxième question.Des conditions dans lesquelles le droit de propriété de chacun peut s’exercer sans porter atteinte au droit d’autrui. C’est la seconde partie du problème que vous entreprenez de résoudre, en si grande pompe. C’est proprement la balance de la propriété que vous réclamez à cor et à cris, que vous annoncez avec tant de fracas. C’est la question de la distribution des richesses. C’est une question de droit économique ou social.