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PROTECTRICES DES ANIMAUX.

rarement des nuances vives ou apparentes. Le cheval de mer d’Australie (hippocampus) dont quelques variétés portent de longs appendices foliacés analogues à certaines algues d’un rouge vif, habite parmi des plantes marines de même couleur, et se dissimule ainsi parfaitement. Il y a maintenant dans l’aquarium de la Société zoologique une espèce de Syngnathus, qui au moyen de sa queue préhensile, s’attache à tout ce qui se trouve à sa portée, et se laisse entraîner par le courant, tout à fait semblable à une simple algue cylindrique.

C’est cependant dans le monde des insectes que nous trouvons les exemples les plus frappants du phénomène qui nous occupe. Pour faire bien comprendre à quel point le principe d’adaptation aux conditions environnantes est général chez eux, nous serons obligé d’entrer dans des détails qui nous permettront d’apprécier la signification des faits curieux dont nous aurons à traiter. Les insectes paraissent posséder des couleurs protectrices en proportion avec l’absence d’autres moyens de défense ou avec la lenteur de leurs mouvements. Il y a sous les tropiques des milliers d’insectes qui pendant le jour s’attachent à l’écorce des arbres morts ; la majeure partie sont délicatement tachetés de teintes grises et brunes, qui, quoique symétriquement disposées et infiniment variées, se confondent si bien avec celles de l’écorce, qu’à deux ou trois pieds de distance l’animal est invisible. Certains insectes ne fréquentent qu’une seule espèce d’arbres : c’est le cas de l’Onychocerusscorpio de l’Amérique du Sud, qui, m’a dit M. Bates, ne se