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AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR.

leur portée philosophique et religieuse, le lecteur y trouvera l’application de la théorie aux sujets les plus curieux et les plus variés : distribution géographique et succession géologique des organismes, classification, instinct et mœurs des animaux, mimique[1] ; tous ces côtés de l’histoire naturelle sont successivement passés en revue, tous fournissent à M. Wallace des preuves en faveur de sa théorie. Je dis tous, mais il y a une restriction à faire. On verra en effet, chose à coup sûr piquante, que M. Wallace, après avoir été l’un des promoteurs originaux et l’un des plus ardents défenseurs de la sélection naturelle, a tout à coup abandonné cette doctrine sur un point spécial : il s’agit de l’espèce humaine. Les deux derniers essais sont consacrés à cette question ; aussitôt après leur publication ils furent l’objet d’une polémique intéressante, M. Claparède, entre autres, chercha à réfuter les idées de M. Wallace, et celui-ci à son tour a publié une réponse que le lecteur trouvera à la fin de ce volume.

Je ne chercherai point ici à apprécier les motifs pour lesquels M. Wallace ne croit pas pouvoir ramener le développement de la race humaine à la même cause qui, selon lui, a seule produit tous les autres organismes.

L’idée du transformisme, longtemps oubliée, a de nouveau pris pied dans la science. Sous son influence[2] il semble qu’une lumière nouvelle ait lui sur toutes les

  1. Le terme anglais mimicry, n’ayant pas d’équivalent en français, un néologisme était inévitable ; le mot de mimique m’a paru le plus conforme au génie de la langue française.
  2. Cette influence est si grande, que la simple énumération des publications relatives à la théorie de Darwin occupe, dans un ouvrage paru récemment en Allemagne, plus de 29 pages in-8o.