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DE LA TENDANCE À S’ÉCARTER DU TYPE.

donne ce nom à des races d’animaux qui produisent sans cesse leurs semblables, mais dont la différence d’avec une autre race est si petite (quoique constante), que l’une des deux est considérée comme une variété de l’autre. Laquelle est la variété, laquelle est l’espèce primitive, c’est ce qu’on ne peut généralement pas déterminer, excepté dans les cas, d’ailleurs très-rares, où l’on a vu l’une des deux races produire un rejeton différent d’elle-même et semblable à l’autre.

D’ailleurs ce phénomène semblerait absolument incompatible avec « l’invariabilité permanente » de l’espèce ; mais on élude la difficulté en admettant que de telles variétés ont des limites précises, qu’elles ne peuvent ensuite s’écarter davantage du type primitif, mais qu’elles peuvent y revenir, ce qui, par l’analogie des animaux domestiques, est regardé comme très-probable, sinon tout à fait prouvé.

On remarquera que cet argument repose complètement sur la supposition que les variétés qu’on rencontre dans l’état de nature sont, sous tous les rapports, analogues ou même identiques à celles des animaux domestiques, en sorte qu’elles seraient soumises aux mêmes lois, quant à leur permanence relative. Nous nous proposons de faire voir précisément que cette supposition est absolument erronée et que l’on reconnaît dans la nature une loi générale, suivant laquelle beaucoup de variétés survivent aux espèces mères, et donnent naissance à des formes modifiées, qui s’écartent toujours davantage du type primitif ; c’est à ce même principe qu’est due, chez les animaux domesti-