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NOTES.

et des mouvements moléculaires, qui ont lieu sous certaines conditions et dans un certain ordre ; nous connaissons très-bien la matière et les forces qui agissent sur elle : si quelques autres, encore inconnues, contribuent à produire la vie végétative (ce qui est une question discutable), nous pouvons les concevoir comme analogues à celles que nous connaissons déjà, telles que la chaleur, l’électricité ou l’affinité chimique. Nous pouvons aussi concevoir clairement la transition de la matière morte à la matière vivante. Une masse complexe, qui entre en décomposition ou en pourriture, est morte, mais si cette masse a le pouvoir d’attirer à soi, du milieu ambiant, de la matière semblable à celle dont elle est composée, nous avons le premier rudiment de vie végétative. Supposons que ce phénomène se prolonge pendant un temps considérable ; si l’absorption de nouvelle matière fait plus que compenser la perte qui résulte de la décomposition, et si la masse est de nature à résister aux forces mécaniques ou chimiques à l’action desquelles elle est habituellement exposée, gardant ainsi une forme à peu près constante, nous l’appelons alors un organisme vivant. Nous pouvons concevoir un organisme ainsi constitué, nous pouvons aussi concevoir qu’un fragment quelconque détaché soit par accident, soit parce que la masse est devenue trop grande pour maintenir la cohésion entre toutes ses parties, commence à s’accroître lui-même, et parcoure la même carrière. Voilà la croissance et la reproduction dans leur forme la plus élémentaire. Partant d’un rudiment aussi simple, on peut concevoir le développement d’organismes plus complexes résultant de toute une série de petites modifications de composition, et de l’action de forces internes et externes. La vie dans un pareil organisme n’est peut-être rien de plus que ce que je viens de décrire, elle n’est peut-être que le nom par lequel nous désignons la permanence de la forme et de la structure individuelle résultant de l’équilibre entre les forces internes et externes. La vie ainsi conçue s’offrirait à nous sous sa forme la plus simple dans la goutte de rosée. Celle-ci doit son existence à l’équilibre établi entre l’évaporation de sa propre substance et la condensation de la vapeur d’eau contenue dans l’atmosphère ; elle perd bientôt son exis-