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APPLIQUÉE À L’HOMME.

cation des animaux, 1869) le professeur Huxley adopte sans hésitation « la théorie bien établie, que la vie est la cause et non la conséquence de l’organisation. » Il soutient cependant dans son fameux article sur la « Base physique de la vie, » que la vie est une propriété du protoplasme, et que celui-ci doit ses propriétés à la nature et à la disposition de ses molécules. C’est pourquoi il l’appelle « la matière vitale, » et croit que toutes les propriétés physiques des êtres organisés sont dues à celles du protoplasme. Nous pourrions peut-être le suivre jusqu’ici, mais il va plus loin. Il cherche à jeter un pont sur l’abîme que le Prof. Tyndall avait déclaré « intellectuellement infranchissable, » et, par des moyens qu’il présente comme logiques, il arrive à la conclusion que « nos pensées sont l’expression de changements moléculaires dans cette même matière de la vie qui est la source des autres phénomènes vitaux. » Je n’ai pu trouver dans les écrits de M. Huxley aucune indication de la marche qu’il suit pour passer de ces phénomènes vitaux, qui en dernière analyse consistent simplement en mouvements des particules de la matière, à ces autres phénomènes que nous appelons pensée, perception ou sens intime ; mais, sachant qu’une affirmation aussi positive de sa part aura un grand poids auprès de beaucoup de personnes, je tâcherai de montrer, aussi brièvement que je pourrai le faire sans devenir obscur, que non-seulement cette théorie est impossible à prouver, mais encore qu’elle est, selon moi, inconciliable avec une conception juste de la physique moléculaire. Je dois dans ce but, et pour pouvoir